FICHE 5 / La présentation adaptée au grade visé
Compte tenu de la « modernisation » des modalités de recrutement et de promotion de carrière, il y a fort à parier que tous les fonctionnaires ou futurs fonctionnaires seront un jour confrontés à l’épreuve de la RAEP.
Que vous visiez un concours catégorie A (niveau de conception, de décision), catégorie B (mise en œuvre des décisions) ou catégorie C (niveau d’exécution), vous aurez à présenter votre parcours dans la plupart des cas.
S’il y a, dans les trois cas, exigence de préparer une présentation de parcours, cela ne signifie pas qu’une présentation sera valable, indistinctement, pour les trois catégories de concours.
• 1 Orienter sa présentation en fonction du concours : A, B, C ••••
Pour être recruté sur un poste de catégorie A, B ou C, il faut gagner une certaine crédibilité aux yeux du jury. Néanmoins, donner l’impression à travers sa présentation orale
d’avoir le profil d’un futur fonctionnaire de catégorie A n’est pas forcément aisé pour un
candidat qui est encore étudiant.
Conseil
Préparer correctement sa présentation de parcours passe également par la « présentation de soi » au
jury. L’idéal est de pouvoir s’entraîner avec un formateur, un collègue ou un proche afin de déterminer
l’image que l’on renvoie. Un entretien de ce type est très utile puisqu’il permet ensuite de moduler et
d’améliorer son attitude, rectifier les éventuels tics de langage, la posture…
A. Le principe
Les types de concours sont orientés en fonction des diplômes. Un diplômé « bac + 4 » est
censé passer des concours catégorie A, un titulaire du baccalauréat est censé passer des
concours catégorie B tandis qu’un candidat sans diplôme ou avec un diplôme inférieur à
celui du baccalauréat, un concours catégorie C.
B. La réalité
Après les principes, vient la réalité : un individu sans diplôme ou ayant une formation de
niveau baccalauréat n’est pas autorisé à se présenter à un concours catégorie A. Inversement, un diplômé de niveau « bac + 4 » ou davantage peut fort bien se présenter à un
concours catégorie C.
C. La solution
Quoi qu’il en soit, le candidat qui souhaite se présenter au concours catégorie A, puis la
semaine suivante au concours catégorie C ne peut pas préparer une seule présentation
de parcours, valable indistinctement pour ces deux catégories.
Comme un curriculum vitae unique qui n’est pas valable pour tout type d’emplois, une
présentation de parcours ne peut pas être identique.
•2 Adapter sa présentation en fonction du grade ••••
Il faut être cohérent avec l’objectif visé. Si on n’attend pas d’un futur lauréat de concours
de catégorie C qu’il encadre, prenne de grandes initiatives au travail, on n’attend pas
davantage d’un futur cadre A qu’il se cantonne à des tâches d’exécution. Il s’agit donc de
présenter son parcours en fonction du grade visé et de changer sa présentation en fonction de l’objectif visé : concours A, concours B, concours C.
Ce changement de présentation est à ajuster à deux niveaux.
A. Le contenu
Évitez ainsi de trop valoriser dans votre présentation de parcours – voire de mentionner
– des tâches généralement confiées à un manager si vous présentez un concours catégorie C. Inversement, si vous présentez votre parcours à l’oral dans le cadre d’un concours
de catégorie A, ne laissez pas supposer qu’au regard des expériences professionnelles
mentionnées, vous n’avez accompli que des tâches exécutives.
••exemple
Le fait de mentionner le plaisir que vous avez eu à encadrer une équipe dans le cadre d’un emploi
quelconque n’incitera pas le jury à vous recruter sur un poste catégorie C : il pensera que c’est vous
rendre un mauvais service que de vous confier des tâches d’exécution, alors que vous semblez
manifestement aspirer à exercer à nouveau des fonctions d’encadrement.
B. La posture
Mieux vaut donner l’impression d’être relativement conforme à l’image que le jury se fait
d’un fonctionnaire catégorie A ou B ou C tant en termes de présentation, d’expression
que de posture. Autant il peut tolérer qu’un futur agent catégorie C soit déstabilisé par
telle ou telle question, autant il acceptera difficilement qu’une personne postulant à un
concours catégorie A soit confus dans son discours et mal à l’aise dans ses interactions
avec le jury.
••exemple
Le jury peut tolérer qu’un candidat à un concours catégorie C change facilement de positionnement
lorsque le jury teste ses aptitudes à argumenter ou contre-argumenter telle ou telle idée. En
revanche, ce même jury tolèrera plus difficilement qu’un candidat à un concours de catégorie A ne
soit pas catégorique dans ses convictions. Il attendra plutôt que celui-ci témoigne d’une réelle
capacité à défendre fermement ses opinions.
Conseil
On attend généralement d’un agent catégorie C qu’il suive la direction qui lui est donnée.
On attend en revanche d’un agent catégorie A qu’il sache donner la direction à suivre et qu’il se tienne
à ce qu’il a décidé, quitte à argumenter ses choix.
• 3 Cas particulier des cadres B et cadres intermédiaires en général ••••
La réalité est souvent plus subtile et complexe concernant les agents de catégorie B ou
les autres cadres intermédiaires. Au quotidien, il s’agit pour eux de suivre une direction
donnée par un supérieur et donc d’exécuter, mais aussi de savoir « mettre en œuvre »
certaines décisions et donc de donner aux collaborateurs que l’on encadre la direction à
suivre. Dans sa présentation de parcours, le candidat doit faire percevoir au jury cette
double aptitude à suivre et diriger.
Ainsi, la présentation de parcours pourra consister à mettre en avant d’une part, des
missions accomplies qui relevaient strictement de l’exécution, d’autre part, des missions
indiquant qu’on a su prendre des initiatives et se faire force de proposition envers un
supérieur hiérarchique.
• 4 Cas très particulier des cadres A ••••
Lorsque l’on se présente à un « grand oral » d’un concours catégorie A et que l’on doit y
présenter son parcours, il faut s’attendre à des « mises en situation » destinées à tester
sa capacité à rester maître de ses émotions en toutes circonstances et à ne pas se laisser
déstabiliser.
Un candidat qui ne parvient pas à soutenir le regard du jury lorsqu’on lui parle aura beau
afficher de grandes compétences dans sa présentation de parcours, son discours sera
incohérent avec son attitude.
Les mises en situation ne sont pas réservées exclusivement aux concours catégorie A, et
elles peuvent être déstabilisantes, tout du moins pour ceux qui ne s’y attendent pas.
Pourquoi ces mises en situation ? Quel est l’objectif du jury ?
L’objectif du jury est de tester la capacité qu’aura un futur professionnel à réaliser des
tâches qui lui seront confiées tout en étant soumis à une certaine pression.
Les membres du jury peuvent simuler un certain comportement durant votre présentation de parcours à seule fin de vous tester en tant que futur cadre A devant parfois faire
face à des imprévus ou de l’indifférence… Ces tests peuvent surprendre les candidats,
même ceux qui s’y attendent.
••exemples
• Un membre du jury jouait avec son portable durant une présentation de parcours, comme si le
discours du candidat ne l’intéressait pas du tout. Pourtant, le candidat se rendit compte après,
lorsque ce dernier lui demanda des précisions sur un point de son propos, qu’il avait de toute évidence écouté avec attention.
• Le Président d’un jury demanda à un candidat pourquoi il ne voulait absolument pas travailler au
sein d’une commune alors que le candidat n’avait à aucun moment évoqué une telle hypothèse lors
de sa présentation de parcours.
• Tel autre membre de jury demanda, en substance, au candidat, si ce dernier ne prenait pas les
membres du jury « pour des imbéciles » en déclarant qu’il était motivé par tel type de poste.
Dans tous ces exemples, il s’agit de tester la réaction du candidat, sa capacité à demeurer calme, cordial et constructif (les 3 « C » !) en toute circonstance.
• 5 Soigner sa communication ••••
Le discours que vous tenez sur votre parcours communique des éléments de vous-même
à partir desquels les membres jury vont se construire une image de votre identité. Sans
en être toujours conscient, le candidat peut émettre des jugements et livrer des valeurs
qui peuvent lui être préjudiciables.
••exemples
• Un candidat dit qu’il a travaillé « avec des personnes qui avaient du mal à comprendre ce qu’on
leur demandait ». Il ne se rend pas compte que cela parle moins des personnes en question que de
ses facultés à se faire comprendre et transmettre ses demandes en s’adaptant à ses
interlocuteurs.
• Un candidat critique l’organisation de tel service dans lequel il a travaillé sans réaliser qu’il se
place à un niveau de préoccupation pour l’organisation des services. Cela peut être légitime pour
quelqu’un se présentant à un concours de catégorie A, mais dangereux lorsqu’il s’agit d’intégrer
l’administration par un concours de catégorie C.
Utilisée de manière subtile dans le cadre de sa présentation de parcours, la description
d’une organisation, d’un service ou d’une équipe peut parfois être un moyen détourné de
parler de soi, sans paraître pour autant prétentieux.
••exemple
Il est possible de parler de « tel poste » occupé qui « exigeait des compétences en termes de
conduite de réunion », puis de tel poste qui « demandait de savoir garder calme et maîtrise de soi ».
Ce que l’on dit alors des postes, dit alors des choses sur nos aptitudes et nos compétences, sans
avoir à les mentionner explicitement. Avoir occupé un poste qui demandait de l’organisation est une
façon non pédante de dire que l’on est organisé.