FICHE 2 / Étudiant ou professionnel : savoir transférer ses compétences
Qu’une « présentation de parcours » soit demandée au concours interne ou aux examens professionnels à des agents déjà en poste n’est pas chose surprenante. L’occasion est ainsi donnée à ces agents de pouvoir faire le point sur les acquis de leur propre expérience. En revanche,
que la même chose soit demandée à de jeunes étudiants sans grande expérience professionnelle peut surprendre.
• 1 La présentation de parcours pour tous ••••
Au concours interne, la présentation de parcours est l’occasion pour des professionnels
de se prononcer sur les acquis et les compétences de leur propre expérience, sans être
déconnecté de leur quotidien.
La « présentation de parcours » proposée au sein du « 3e concours » ou « concours
3e voie », à des personnes ne relevant pas de la fonction publique, est également l’occasion de démontrer que les compétences et l’expérience acquises ailleurs sont transférables au sein du secteur public.
En ce qui concerne le « concours externe », il est aussi demandé à des étudiants de valoriser des compétences professionnelles alors même qu’ils n’ont pas encore eu l’opportunité de les déployer.
• 2 La professionnalisation des concours ••••
A. L’intérêt du lien entre parcours scolaire et insertion professionnelle
L’idée de demander aux étudiants admissibles de réfléchir à leur parcours sous l’angle
des compétences qui seront attendues d’eux une fois le concours obtenu, est logique. En
effet, les nouvelles modalités de concours via la RAEP font la part belle aux liens entre
parcours scolaire, universitaire, premières expériences professionnelles et… insertion
professionnelle.
B. Se projeter dans de futures fonctions
« À quoi va me servir demain, dans le monde professionnel, ce que j’ai appris jusqu’ici à
l’école, à l’Université, lors des stages ou encore dans le cadre de petits boulots? »
C’est à semblable question que les étudiants sont confrontés lors de la présentation de
parcours, de plus en plus demandée à l’oral. Essayer de répondre à cette question mène
à se projeter dans de futures fonctions qui seront occupées une fois le concours en poche
et une fois en poste. L’exercice n’est pas toujours des plus aisés mais permet cependant
d’écarter quelques attitudes que bon nombre d’étudiants adoptent, à tort.
••exemples
• Un étudiant, lors d’un entretien d’entraînement en vue de préparer l’oral du concours catégorie
A des Instituts régionaux d’administration (IRA), n’osait mentionner le fait qu’il avait « travaillé dans
un fast food ». « Dois-je parler de ce petit boulot annexe alors que je ne vise pas à travailler demain
dans un fast food mais dans une administration en tant que cadre A ? » La question qu’il se posait
témoigne à elle seule de la difficulté initiale que peut rencontrer un étudiant à tisser du lien entre
ce qu’il a réalisé jusque-là et ce qui sera attendu de lui demain. En l’occurrence, après avoir réfléchi,
cet étudiant prit conscience que dans son fast food, il avait « encadré » une petite équipe, « recadré » certains membres de cette équipe, donné « la direction à suivre », etc. Bref, il réalisa, non sans
surprise, que le travail de « coordination administrative » susceptible de lui être proposé au-delà de
l’année de formation à l’IRA pourrait mobiliser des compétences analogues. Il put ainsi montrer au
jury qu’en ayant su mobiliser ces compétences dans un autre domaine, (animer une équipe, mobiliser des collaborateurs autour d’objectifs partagés, se porter garant du respect des procédures à suivre, etc.), il saurait tout autant le faire dans un autre cadre.
• Une étudiante en philosophie se demandait comment mentionner la nature des études suivies
alors qu’elle envisageait d’entrer dans l’administration où la lecture de Platon ou Descartes est peu
habituelle dans de tels milieux ! Après réflexion, elle se rendit compte que les dissertations philosophiques consistaient le plus souvent à apprendre à bien identifier un problème, prendre en
compte les paramètres qui l’entourent avant de trouver des réponses. Elle réalisa alors que nombre
de fonctionnaires rencontraient au quotidien des difficultés administratives et devaient rationaliser
les problèmes pour tenter de les résoudre ensuite. De la philosophie à l’administration, il n’y avait
qu’un pas, d’une certaine façon…
• 3 Penser « transférabilité » ••••
L’erreur fréquente que le candidat peut commettre est de penser que ce qu’il devra faire,
il ne l’a jamais fait jusqu’ici. Il conclut ainsi souvent, bien trop rapidement, qu’il ne sera
pas apte à faire ce qu’il n’a jamais eu l’occasion de faire jusque-là. Pour contrer cette
erreur de raisonnement, il faut orienter sa réflexion différemment : passer des activités
réalisées aux compétences qui sous-tendent leur possible mise en œuvre.
Les compétences et qualités sont à concevoir comme des sortes d’invariants susceptibles d’être mis en œuvre dans de multiples environnements : milieu universitaire,
milieu professionnel, milieu associatif, secteur privé, administration…
À ne pas faire :
Évoquer vos activités passées sans être capable d’indiquer au jury le lien entre ces activités
passées et celles à exercer dans le futur. Se situer au niveau de vos activités passées et non
au niveau des compétences déployées pour pouvoir les mener.
À faire :
Indiquer à travers vos activités passées les compétences utilisées hier et qui seront
nécessaires demain dans le cadre de vos futures fonctions.
••exemple
On peut ne jamais avoir conduit de réunion mais avoir eu l’occasion de développer lors d’exercices
universitaires comme les exposés, cette compétence qui consiste à savoir « parler en public ».
Conseil
Retenez donc ceci : il s’agit de penser « transférabilité » ! Autrement dit, il faut toujours s’interroger sur ce que vous avez été capable de réaliser et sur votre aptitude à réitérer des tâches analogues dans
d’autres environnements de travail en transposant là ce que vous avez acquis ici. Reste ensuite à argumenter sur cette aptitude et à convaincre le jury.
• 4 Savoir analyser ses aptitudes professionnelles ••••
La RAEP a ceci de particulier qu’elle invite à analyser ce qui rend possible les comportements professionnels quotidiens. Elle demande un vrai travail d’analyse et surtout une prise de recul par rapport à soi, ses propres pratiques et son propre parcours.
••exemple
Une personne avait en charge l’organisation et la planification des déménagements consécutifs à
des réorganisations internes au sein de son administration. Cette personne n’avait pas conscience
de mobiliser des compétences en organisant ces déménagements. Pourtant, cet exemple témoigne
d’une capacité à anticiper, à planifier les choses dans un ordre logique, à établir le sens des priorités, d’une capacité de projection (concevoir l’aménagement dans un autre espace). En bref, autant
de capacités que déployait au quotidien ce professionnel sans trouver comment l’exprimer face au
jury.
attention
Beaucoup de professionnels sont très bons dans leur travail mais sont, hélas, parfois de très mauvais
communicants lorsqu’il s’agit de valoriser le travail qu’ils réalisent au quotidien.
De nombreux candidats oublient cette vérité triviale : les membres du jury ne travaillent
pas avec eux au quotidien et ne peuvent donc s’appuyer que sur le discours tenu par le
candidat. Ce qui n’est pas dit est ainsi réputé ne pas exister. Ce que vous ne direz pas
concernant vos aptitudes, vos compétences et qualités, jamais le jury ne pourra le deviner. Tout ce que vous dites, ne l’oublions pas, peut servir à alimenter stratégiquement
l’impression que vous correspondez en tout point au profil attendu.
Le jury s’appuiera sur votre discours et parfois aussi sur le « rapport d’aptitude » rédigé
par votre supérieur hiérarchique au sujet de vos aptitudes professionnelles. Ce rapport
est le pendant du « rapport d’activité » que vous rédigerez vous-même et qui constituera
le dossier écrit.