09 Une présentation en fonction du grade
Chaque grade (A, ou B, ou C) correspond à un niveau de responsabilité et à des types d’activité spécifiques. Si vous visez à décrocher un concours de catégorie A, c’est, en principe, en vue de travailler à un niveau de « conception », de « stratégie », de « décision ». Si vous visez un concours de catégorie B, c’est plutôt pour être à un niveau d’ « application », de « mise en œuvre » des décisions prises plus haut (hiérarchie, « élus » le cas échéant). Enfin, si vous visez un concours de catégorie C, vous serez placé à un niveau d’ « exécution ». Ces distinctions peuvent paraître subtiles et elles ont très certainement leurs limites – un agent de catégorie C « décide » aussi parfois de certaines choses à son niveau ; il le faut bien – mais il y a là, malgré tout, une réalité, un mode de fonctionnement propre à l’administration, à ce qu’on appelle parfois la « pyramide administrative ». Il s’ensuit ceci : en fonction du grade visé (A ? B ? ou C ?), il vous revient d’adapter votre présentation de parcours pour que la candidature que vous proposez corresponde à ce qui est recherché : pour que « l’offre », pour ainsi dire, corresponde au « besoin » . Il ne s’agit pas de livrer la même présentation quel que soit le grade visé, sans quoi on risque de se fourvoyer.
1-Le but du jeu ? Adapter sa présentation au concours visé : A, ou B, ou C
Pour être recruté sur un poste de catégorie A, mieux vaut apporter la garantie qu’on sera capable de « décider ». Inversement, pour être recruté sur un poste de catégorie C, mieux vaut apporter la garantie qu’on sera capable d’accepter qu’on nous demande de faire telle chose qui a été décidée à un autre niveau, puis de s’ « exécuter ». Une fois de plus ces distinctions entre A, B et C ont leurs limites puisqu’un agent de catégorie A aura, lui aussi, à s’ « exécuter » suite à une demande de sa hiérarchie par exemple. Il reste qu’on s’attend davantage à une capacité d’ « exécution » chez un agent de catégorie C et davantage à une capacité à « concevoir » des « orientations » pour un service ou une Direction par exemple chez un cadre A : cette capacité de « conception » ne sera pas attendue chez un agent de catégorie C en général.
2-S’entraîner avec quelqu’un et travailler son image
Il n’est pas toujours aisé de donner l’image de quelqu’un qui pourra exercer ses fonctions à tel grade ou tel autre (A, B, C). On peut fort bien viser un concours catégorie C et être parallèlement Président d’une association ou élu dans une collectivité : d’un côté on vise un concours catégorie C et, derrière, un poste où il s’agira, pour le dire simplement, de faire ce qu’il nous est demandé de faire ; mais de l’autre, on a pris l’habitude en tant que Président d’association ou en tant qu’élu de « décider », d’être la personne qui « donne des orientations » ou s’assure de façon ferme de la prise en compte des orientations votées. Le risque est alors grand, en s’affirmant un peu trop par exemple, de donner l’impression qu’on ne saura pas rester à sa place en tant qu’agent de catégorie C.
Autre exemple : on est étudiant, on a le niveau de diplôme requis pour passer un concours de catégorie A mais une fois à l’oral il s’agit de donner l’impression au jury qu’on saura diriger une équipe, aller de l’avant en sachant s’affirmer, en sachant ne pas se laisser marcher sur les pieds. Or, en tant qu’étudiant, on peut avoir pris certains plis : on peut avoir pris l’habitude d’être dans une posture relativement soumise où il y a d’un côté le professeur, supérieur à nous, qui nous déverse le savoir et, de l’autre côté, nous, « petit étudiant » qui doit restituer le cours. Une telle posture consistant à se croire inférieur à l’autre et à se présenter comme tel, comme celui qui se soumet complètement à ce qui s’impose à lui est, bien entendu, inadaptée pour quelqu’un qui postule à un concours de catégorie A.
Les deux exemples évoqués nous indiquent que nous pouvons, sans y prendre garde, renvoyer une image inadaptée par rapport au grade visé. Mieux vaut dès lors s’entraîner à l’oral avec une personne bienveillante qui puisse nous faire un retour sur l’impression que nous donnons, sur l’image que nous renvoyons. Ensuite, si besoin, il sera encore temps de travailler à faire évoluer notre posture pour mieux correspondre à ce qui est attendu au grade que nous visons.
Votre façon de vous présenter, de vous exprimer (niveau de langage notamment) et votre posture sont déterminantes. Pour en prendre conscience, rien de tel qu’un oral d’entrainement où un « coach » (collègue, ami, enseignant, …) vous faire un « retour en miroir » sur l’impression que vous allez probablement laisser derrière vous le jour « J » en quittant la salle où l’oral devant le jury se sera déroulé.
3-Quelques conseils et suggestions, en fonction du grade…
-Vous visez « catégorie C » ? Ne dites surtout pas que vous aurez plaisir à envisager une réorganisation du service (ce qui est du ressort de vos chefs, et non de vous…). Indiquez plutôt que vous en référerez à votre supérieur hiérarchique quand certaines difficultés se présentent comme des obstacles sur le chemin de votre activité professionnelle quotidienne.
-Vous visez « catégorie B » ? Vous êtes donc, pour ainsi dire, « entre deux » : entre des agents de catégorie C que vous pouvez avoir à encadrer, et des agents de catégorie A qui…vous encadrent ! Le but du jeu est dès lors d’indiquer qu’on a une double capacité : à « suivre » ce qui nous est demandé (par les supérieurs hiérarchiques) et « faire que les autres nous suivent » (les collaborateurs, c’est-à-dire les collègues que nous encadrons).
-Vous visez « catégorie A » ? Ne donnez pas l’impression que vous allez déranger toutes les deux secondes vos supérieurs hiérarchiques. Donnez plutôt l’impression que vous serez capable d’une certaine « autonomie » dans votre travail quotidien car c’est ce qui sera attendu de vous demain dans le milieu professionnel.
4-Une façon de vous tester : les « mises en situation »
Nous y reviendrons, par la suite, plus amplement mais disons tout de même, dès maintenant, quelques mots à ce sujet.
Il vaut mieux s’attendre à des « mises en situation » pendant l’entretien avec le jury, c’est-à-dire après votre présentation de parcours. Prenons quelques exemples :
-Concours de catégorie C : on peut par exemple vous demander d’imaginer que vous avez au téléphone une personne passablement énervée, qui a été baladée d’un service à l’autre, et qui vous demande de prendre en compte son besoin. Vous pensez que c’est tel service qui peut prendre en charge ce besoin mais sans certitude absolue. Comment allez-vous faire ? Le jury vous pose donc cette question : « comment procédez-vous ? ». Procéder de façon inadaptée revient à se contenter de dire à l’usager de contacter l’autre service auquel on pense : sans être certain que ce soit le bon service et en prenant le risque que cet usager soit, une fois de plus baladé de notre service à un autre sans plus de résultat… Inefficacité, mauvaise image donnée de l’administration,… : tout cela n’est pas très glorieux ! Procéder de façon davantage adaptée consiste à prendre le n° de téléphone de l’usager, à lui promettre qu’on le rappelle une fois qu’on se sera assuré que c’est bien tel autre service auquel on pense qui pourra prendre en charge le besoin mentionné.
-Concours de catégorie B (et surtout de catégorie A !) : on va tester vos réactions en faisant par exemple comme si on ne vous écoutait pas, ou en laissant entendre que vous avez dit telle chose dans vos précédents propos alors que ce n’est – bien évidemment – pas le cas ! Ou encore : on va faire à trois reprises comme si on n’avait rien compris à ce que vous venez de dire et on va vous reposer pour la troisième fois la même question sous une autre forme. Le but du jeu ? Il est simple : il s’agit de voir si vous vous laissez facilement déstabiliser ou pas. Pourquoi fait-on cela : tout simplement parce que « demain, au travail » vous serez fort probablement confronté à diverses situations qui déstabilisent plus d’un (dans des réunions, des échanges téléphoniques, etc.), or il sera justement attendu de vous que vous ne vous laissiez pas déstabiliser, que vous sachiez, pour ainsi dire, « vous attendre à l’inattendu » et garder votre sang-froid, conserver votre calme, ne pas vous laisser submerger par un stress qui vous ferait perdre vos moyens, vos ressources.
En résumé, retenons ceci : ces « mises en situation », auxquelles vous pouvez également vous entraîner, sont quelque chose qu’il faut travailler car elles représentent une opportunité ; elles sont l’occasion donnée de prouver en direct devant le jury que nous serons capable demain d’exercer une activité en tant qu’agent de tel grade (A, ou B, ou C, selon ce que vous visez) en agissant et réagissant conformément à ce qui peut être attendu de vous.
5-Ce qu’on dit de son parcours dit des choses de nous…
N’oublions jamais ceci : un peu comme dans les films « tout ce que vous direz pourra se retourner contre vous » (la fameuse phrase qu’on entend dans les films quand le policier passe les menottes au bandit qu’il vient d’arrêter…). Quand nous parlons nous émettons des « jugements », nous véhiculons des « valeurs » : attention aux jugements émis à l’emporte-pièce (« dans cette équipe il n’y avait que des bras cassés »… ☹), attention aux jugement de valeurs émis ( « les politiques de droite/gauche sont trop… », « le service public doit s’inspirer du privé pour être efficace »… ☹). Tout ce qu’on dit des autres, du monde qui nous entoure est comme une sorte de boomerang : cela vient toujours dire des choses de nous. Exemple : dire des autres « ils ne comprennent rien », c’est peut-être laisser entendre que « je ne suis pas assez clair, patient, pédagogue pour arriver à me faire comprendre »… Autre exemple : dire « j’ai quitté cette structure parce qu’il y avait une mauvaise organisation et c’était mal dirigé », c’est laisser entendre que « je critique toujours les endroits par lesquels je suis passé et demain…c’est vous que je critiquerai ! ». Attention, donc, à notre façon de dire les choses, que ce soit dans notre présentation de parcours ou pendant l’entretien, car cela donne des éléments aux membres du jury sur les représentations qui sont les nôtres, qui nous passent par la tête et qui peuvent être plus ou moins adaptées au grade que nous visons.
Inversement, retenons aussi ceci : lorsque nous disons que « conduire ces réunions complexes exigeait de savoir maîtriser son stress », nous laissons entendre que « nous sommes capables de gérer notre stress ». Ou encore, lorsque nous disons que « gérer de tels dossiers demande de la rigueur et de la persévérance », cela vient dire que « je suis quelqu’un de rigoureux et de persévérant ». Parler du travail d’une certaine façon est ainsi une façon subtile de mettre en avant ses compétences et qualités sans risquer de passer pour prétentieux : on ne parle pas de soi, on parle du travail mais ce qu’on en dit vient dire en retour des choses positives à notre sujet et sur notre capacité à exercer à tel niveau de responsabilité, à tel ou tel grade.
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